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La secheresse : les moyens portugais pour lutter contre une situation preoccupante

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« Il est temps de changer d’attitude », c’est la conclusion d’un message
televise actuellement diffuse au Portugal pour inciter les citoyens a
economiser l’eau pour leurs usages domestiques courants. Cette initiative de
l’Institut National de l’Eau (Inag) fait partie des mesures recemment prises
par le Portugal pour tenter de limiter les consequences de la secheresse qui
touche le pays depuis le mois de janvier 2005.

  • La secheresse la plus importante depuis 21 ans.
    L’Institut de Meteorologie (IM) de Lisbonne a enregistre au mois de janvier
    des precipitations nationales qui sont les plus basses depuis 21 ans et
    presque vingt fois inferieures a la moyenne mensuelle. Certains barrages du
    sud du pays ne presentent des taux de remplissage que de l’ordre de 20%. Les
    craintes d’une secheresse prolongee jusqu’a l’ete ont pousse le gouvernement
    portugais a creer un groupe de travail specifique coordonne par l’Inag. De
    plus la Commission pour la Gestion des Lagunes, creee lors de la secheresse
    de 1998, evalue en ce moment meme les ressources hydriques pour
    d’eventuelles restrictions d’eau dans les mois a venir. L’Institut de
    Regulation de l’Eau et des Residus veille egalement a la qualite de l’eau,
    qui se degrade toujours en situation de secheresse, comme cela a deja ete
    observe recemment a Covilha.
  • Les consequences economiques de la secheresse.
    Selon la Federation des Agriculteurs du Baixo Alentejo (FABA) le prejudice
    economique de cette secheresse pourrait d’ores et deja s’elever a 100
    millions d’euros et considere que l’hiver 2004-2005 est le plus sec depuis
    100 ans. Depuis le mois de fevrier, les agriculteurs parlent de la perte de
    40 ovins par jour (chacun valant 100 euros) et de 3 bovins par jour (chacun
    valant 600 euros). De plus le manque de paturage les obligent a investir
    dans des farines alimentaires ou de la paille qui augmentent inevitablement
    leurs couts de production. D’apres une etude de l’Institut National de
    Statistiques (INE) c’est en effet le secteur de l’elevage qui est pour
    l’instant le plus touche avec, par exemple, une baisse de 17,1% de la
    production de poulets en comparaison avec 2004. Le 28 fevrier 2005, la BAFA
    etait presente a Bruxelles pour demander une aide financiere et la
    declaration de « l’etat de calamite », estimant que les 15 millions d’euros du
    programme Minimis du Gouvernement portugais n’arriveraient pas a hauteur de
    5% du prejudice subi par les agriculteurs.
    Le secteur energetique est egalement touche par la secheresse puisqu’au mois
    de fevrier, 86.7% de la production (56% en 2004) provenait des centrales
    thermiques, engendrant ainsi une augmentation de 10% du prix de
    l’electricite qui sera repercutee sur les consommateurs en 2006.
  • Les actions pour prevenir une secheresse prolongee.
    L’objectif principal du groupe de travail coordonne par l’Inag est d’etudier
    les possibilites de rationner l’eau destinee a l’arrosage agricole pour
    privilegier l’approvisionnement aux particuliers. Il s’agit egalement de
    preserver l’activite touristique de la prochaine periode estivale et de
    garder les ressources hydriques suffisantes en cas de nouveaux incendies
    forestiers. L’Inag a d’ores-et-deja annonce des restrictions a l’utilisation
    des eaux des barrages de Roxo, de Vijia et d’Arade dans le sud du Portugal,
    qui presentent des niveaux extremement faibles de remplissage, au detriment
    de l’arrosage des cultures de citronniers. Le groupe de travail a egalement
    edite un Programme d’Accompagnement de la Secheresse qui presente un
    ensemble de mesures a prendre, municipalite par municipalite, suivant 5
    niveaux differents d’etat de la secheresse. Les restrictions d’eau, la
    declaration d’un etat de calamite ou l’approvisionnement d’eau par reservoir
    font parties des mesures du 5e niveau. L’Inag a egalement lance une
    campagne televisee de sensibilisation des citoyens portugais. Le nouveau
    Ministre de l’Agriculture, Jaime Silva, a alerte la Commission Europeenne le
    14 mars dernier en demandant que des mesures supplementaires soient prises
    au niveau europeen pour aider les producteurs de bovins.
    Depuis la secheresse de nombreuses ceremonies religieuses d’incantation a la
    pluie se sont egalement multipliees dans la region sud du Portugal ! Outre
    ces actions, une initiative scientifique est venue de la Faculte Lusophone
    de Lisbonne : le 23 fevrier un avion de la Force Aerienne Portugaise a lance
    dans l’atmosphere un compose chimique (iodure d’argent et chlorure de
    calcium) destine a forcer l’agglutination des gouttes de pluie dans les
    nuages. Cette methode « d’insemination des nuages » a deja ete utilisee en
    1999 avec succes selon les chercheurs du departement de meteorologie de
    cette universite ; jusqu’a present il n’a pu etre determine l’efficacite de
    cette methode dont l’origine vient des Etats-Unis.
  • Les critiques face a la gestion de la secheresse
    Outre les protestations des agriculteurs, de nombreuses voix de
    scientifiques se sont elevees pour protester contre la gestion de la
    secheresse. A l’origine de ce mecontentement la coordination entre les
    differentes entites responsables de la veille des ressources hydriques :
    selon certains meteorologues portugais, une meilleure cooperation entre
    l’Institut de Meteorologie et l’Inag aurait notamment pu permettre de mettre
    en place des mesures plus precoces basees sur des observations regulieres de
    la situation hydrologique et hydraulique. De plus l’Association des
    Municipalites de l’Alto Alentejo pour l’Environnement (Amamb) a presente
    devant une commission de Bruxelles une plainte contre l’Etat portugais, le
    14 fevrier dernier, pour denoncer les retards pris par les derniers
    Gouvernements pour le financement de nouveaux reseaux d’approvisionnement
    d’eau.

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