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Vision sur le changement climatique au Royaume-Uni

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1. Introduction

Sir David King, Conseiller Scientifique du Premier Ministre Tony Blair,
declarait en janvier 2004 que la menace du changement climatique Réchauffement climatique
Dérèglement climatique
Changement climatique
La question de savoir si on est en réchauffement ou en changement climatique fait partie de nombre de nos séjours de recherches participatives et de sciences citoyennes :
etait
plus serieuse, pour l’avenir de la planete, que celle du terrorisme.
Tony Blair a, depuis, annonce que l’une des deux priorites de la
presidence du Royaume-Uni du G8 et de l’Union Europeenne serait
attribuee a cette problematique. L’autre priorite etant l’aide au
developpement du continent africain. L’"Environment, Food and Rural
Affairs Committee" a donc decide de faire une analyse approfondie de
cette question. Cette analyse prend un soin particulier a l’etude de
nouvelles politiques permettant au Royaume-Uni de respecter les
engagements nationaux et internationaux de reduction des emissions de
gaz a effet de serre et de participer ainsi a l’elaboration du nouveau
« UKCCP » attendu en 2005.

1.1. Pourquoi le changement climatique Réchauffement climatique
Dérèglement climatique
Changement climatique
La question de savoir si on est en réchauffement ou en changement climatique fait partie de nombre de nos séjours de recherches participatives et de sciences citoyennes :
est-il une problematique
importante ? Pour preparer la presidence du G8 et de l’Union Europeenne,
Tony Blair avait souhaite la tenue d’une conference scientifique sur le
changement climatique intitulee Prevenons un changement climatique
dangereux (« Avoiding Dangerous Climate Change »), qui s’est deroulee a
Exeter en fevrier 2005. On peut retenir des trois jours de presentations
et de discussions un large consensus scientifique sur le lien entre les
emissions de gaz a effet de serre dues aux activites humaines et le
changement climatique. Globalement, les impacts semblent plus importants
qu’initialement prevus, notamment l’acidification des oceans et les
consequences sur la vie marine, l’arret potentiel de la circulation
thermohaline de l’Atlantique Nord et la fonte de la banquise en
Antarctique (cf. Actualites Scientifiques au Royaume-Uni Fevrier 2005,
p.33). En 2001, le groupe de travail intergouvernemental sur le
changement climatique (« Intergovernmental Panel on Climate Change »,
IPCC) avait declare qu’une augmentation de la temperature moyenne de
0,6.C par rapport a l’ere preindustrielle se manifesterait par une
hausse de vagues de chaleurs accompagnees d’une hausse de la mortalite,
une diminution des ressources en eau potable et une acceleration des
phenomenes climatiques extremes. De fait en 2003, alors que l’on note
une temperature moyenne terrestre superieure de 0,6.C a celle de l’ere
preindustrielle, l’Europe a affronte une vague de chaleur qui a decime
30 000 personnes, la calotte arctique a diminue de 15 a 20% et les
glaciers du Groenland perdent 10 metres par an ; on constate egalement
une amplification generale en frequence et en intensite des catastrophes
naturelles. Par exemple, la digue installee sur la Tamise en aval de
Londres pour proteger la capitale britannique des marees de fortes
amplitudes aggravees par des conditions meteorologiques est aujourd’hui
utilisee en moyenne 6 fois par an, alors qu’au debut des annees 80 elle
l’etait moins d’une fois. Notons aussi l’importance du phenomene
d’Assombrissement Global (« Global Dimming ») : la pollution de
l’atmosphere par des nuages de particules reduit la quantite d’energie
parvenant a la surface terrestre puisqu’une partie du rayonnement
solaire est reflechie par ces particules. Ce phenomene a pour effet le
refroidissement de la planete. De nombreux scientifiques s’accordent a
dire que l’Assombrissement Global a du masquer en partie le
rechauffement terrestre. C’est pourquoi, l’amelioration de la qualite de
l’air indispensable pour la sante publique va sans doute aggraver le
probleme de rechauffement climatique.

1.2. Les objectifs gouvernementaux
Les objectifs gouvernementaux actuels pour reduire ces changements
climatiques sont les suivants :

  • en 1997, le gouvernement a decide de reduire d’ici a 2010 ses
    emissions de CO2 de 20% par rapport a 1990. Le Livre blanc sur l’energie
    ("Energy White
    Paper") publie en 2003, ajoute que, d’ici a 2050, ces emissions devront
    etre reduites de 60%. Toutefois, les previsions du Ministere de
    l’Industrie (« Department of Trade and Industry », DTI) semblent indiquer
    que le Royaume-Uni n’atteindra pas cette cible : d’ici a 2010 les
    emissions de CO2 ne devraient diminuer que de 14% et a l’heure actuelle
    seule une diminution de 7,2% a ete realisee ;
  • l’obligation d’energies renouvelables (« Renewables Obligation », RO),
    introduite en 2000, impose que 10,4% de la production de l’electricite
    britannique soit obtenue par le biais d’energies renouvelables d’ici a
    2010 et 15% d’ici a 2015 (decision gouvernementale annoncee en decembre
    2003). La encore, le Royaume-Uni est en retard sur ses objectifs
    puisque, pour 2003-2004, ces energies renouvelables contribuaient a 2,4%
    de la production au lieu des 4,3% esperes ;
  • le Protocole de Kyoto, signe par 171 pays et en application depuis
    fevrier 2005, impose une reduction des emissions de gaz a effet de serre
    de 12,5% entre 1990 et 2008-2009. En 2003, les emissions de gaz a effet
    de serre au Royaume-Uni etaient en retrait de 14% par rapport a 1990.

1.3. Comment agir ?
Il existe deux strategies possibles pour lutter contre le changement
climatique :

  • la substitution (ou mitigation) : strategie a long terme impliquant la
    diminution de la quantite des gaz a effet de serre pour reduire le
    changement de climat ;
  • l’adaptation : strategie visant a reduire les impacts du changement de
    climat. Ces deux strategies sont complementaires et doivent etre
    appliquees en parallele. En effet, plus la strategie de substitution
    sera negligee, plus la strategie d’adaptation sera difficile a mettre en
    place. Notons que la « Biosciences Federation » insiste sur le
    developpement de strategies d’adaptation en urgence pour les
    problematiques d’ecosystemes et de biodiversite.

2. Le « UK Climate Change Plan »

En Septembre 2004 une mise a jour du UKCCP a ete annoncee et le rapport
« Climate Change : looking forward » s’inscrit dans cette demarche.

2.1. Les objectifs de reduction du dioxyde de carbone
2.1.1. Resultats actuels
Le gouvernement a declare en 2004 que l’objectif des 20% de reduction
des emissions de CO2 d’ici a 2010 devrait probablement etre revu a la
baisse, proche de 14%. Pour le Ministre de l’Environnement a cette date,
Elliot Morley, ce mauvais score est lie a la reduction de la production
d’energie d’origine nucleaire au profit de l’utilisation des centrales a
charbon, du fait de l’augmentation de la demande energetique nationale.
En reponse, l’association les Amis de la Terre (« Friends of the Earth »,
FoE) a propose la mise en place d’objectifs revises et incrementes
chaque annee plutot que des visees a 10 ou 50 ans bien moins faciles a
atteindre. 2.1.2. Critique de l’« Energy Saving Trust » : manque de
coherence gouvernementale en matiere de changement climatique L’"Energy
Saving Trust" (EST, groupe visant a realiser des economies
d’energie) a montre du doigt le gouvernement en critiquant l’attitude
peu volontaire Volontaire
Volontariat
Le volontariat vous intéresse ? Vous souhaitez aider à une meilleure compréhension des océans ? C’est possible avec nos stages nature baleines et dauphins.
du Ministre des Transports (egalement Vice Premier
Ministre) et de son cabinet alors que le Defra met tout en oeuvre pour
attaquer ce probleme de front. Le Conseil sur l’energie durable
(« Business Council for Sustainable Energy », BCSE) a ajoute, a propos de
rendement energetique, que le Defra est responsable des resultats alors
que le DTI detient les principaux leviers d’actions. Il apparait donc
necessaire d’integrer et de coordonner la politique relative au
changement climatique entre ministeres par soucis d’efficacite et de
credibilite. Le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les
Affaires Agricoles recommande de son cote la creation d’un ministere du
changement climatique avec pour seule fonction de coordonner les actions
au sein des differents services du gouvernement afin d’atteindre les
objectifs de reduction de gaz a effet de serre.

2.2. Le secteur des transports
2.2.1. Le transport routier
Le secteur des transports compte pour 20% des emissions britanniques
totales, dont 95% imputables au secteur du transport routier. Une facon
de reduire l’impact du transport routier sur l’environnement est
d’ameliorer le rendement energetique des vehicules. Un accord europeen
volontaire Volontaire
Volontariat
Le volontariat vous intéresse ? Vous souhaitez aider à une meilleure compréhension des océans ? C’est possible avec nos stages nature baleines et dauphins.
impose que d’ici a 2008/2009 l’emission moyenne d’un vehicule
soit de 140 g/km. En 2003 cette emission moyenne etait estimee a 172,1
g/km. L’EST se dit perplexe quant a la validite d’un tel objectif
puisque les progres techniques necessaires ne sont pas assez rapides.
Dans ces conditions, le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et
les Affaires Agricoles reconnait l’impact majeur du transport routier
sur l’environnement et convient de sa priorite dans la mise en place des
strategies nationales de substitution. Il recommande l’analyse des
mesures fiscales en place afin de promouvoir l’achat de vehicules a
faibles emissions de gaz a effet de serre. De plus, il preconise
l’examen a l’echelon europeen de mesures economiques susceptibles
d’accelerer le developpement de vehicules a faibles emissions par les
constructeurs automobiles. L’utilisation des biocarburants s’inscrit
comme une solution possible a la problematique du transport routier. Le
gouvernement, sous l’impulsion de la directive europeenne 2003/30/EC, a
fixe a 0,3% l’utilisation de biocarburants pour l’annee 2005,
c’est-a-dire six fois plus que l’offre actuelle. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles croit en
l’utilisation des biocarburants comme strategie de substitution,
accueille avec enthousiasme la decision du Defra d’inclure cette
problematique au nouveau UKCCP et encourage celui-ci a augmenter la part
fixee d’offre en biocarburants. Il regrette l’absence de la production
de biocarburants et notamment de bioethanol sur le sol britannique.
2.2.2. L’aviation Le secteur de l’aviation represente 11% de l’impact
britannique sur le changement climatique avec 5,5% d’emissions en CO2.
Ce chiffre parait faible a l’heure actuelle mais devrait augmenter de
facon considerable dans les annees a venir. Les previsions du
« Department for Transport » (DfT) montrent que le secteur de l’aviation
pourrait contribuer a hauteur de 25% et 33% des effets nationaux sur le
changement climatique en 2030 et 2050, respectivement. Notons que,
d’apres l’« IPCC assessment » de 2001, l’impact total de l’aviation sur le
changement de climat pourrait en fait etre 2,7 fois plus important que
celui du aux seules emissions de CO2 du fait des phenomenes physiques
qui se produisent dans les hautes altitudes. Dans ce contexte, un
rapport recent du Comite d’Audit Environnemental de la Chambre des
Communes (« Environmental Audit Committee ») a declare les objectifs de
2050 irrealisables, tout au plus une reduction de 35% des emissions de
CO2 pourrait etre atteinte. Le Comite pour l’Environnement,
l’Alimentation et les Affaires Agricoles pense qu’il est vital que le
secteur de l’aviation soit inclus dans les strategies nationales et
internationales de substitution. Il applaudit la proposition du ministre
Margaret Beckett d’inclure l’aviation dans le second plan europeen
d’echanges des quotas d’emissions mais emet des reserves quant au temps
necessaire a sa mise en oeuvre. En effet, il est difficile, a court et
moyen termes, de transformer ce secteur puisque la duree de vie des
appareils est tres longue. Le comite preconise l’examen, a l’echelon
europeen, de mesures economiques susceptibles d’accelerer le
developpement de technologies a faibles emissions de gaz a effet de
serre et de mesures fiscales visant a reduire la demande et la frequence
des vols.

2.3. La production d’electricite
En 2002, la production d’electricite representait 30% des emissions
domestiques britanniques de gaz a effet de serre. Il faut noter,
cependant, que globalement les emissions ont diminue de 20% entre 1990
et 2002, reflet des nouvelles facons de produire de l’energie, comme le
remplacement de centrales a charbon et a fioul par des centrales a gaz
d’un rendement plus eleve et rejetant moins de CO2. Les parts
d’electricite produites par les centrales a gaz, au charbon ou
nucleaires representent respectivement 38%, 35% et 22% de l’energie
produite au Royaume-Uni. Notons que d’ici a 2020, si le parc de
centrales nucleaires n’evolue pas, le taux d’energie nucleaire devrait
passer de 22% a 7%, aggravant ainsi la situation. Les projections du DTI
montrent que le secteur de production d’electricite passera de 158,2
millions de tonnes de CO2 aujourd’hui a 139 en 2010. Cependant
l’Association des fournisseurs d’electricite ("Association of
Electricity Producers« , AEP) a qualifie ces hypotheses d’ »heroiques" si
l’on considere la demande energetique croissante de la population.
2.3.1. Les energies renouvelables La « Renewables Obligation » impose que
10,4% de l’electricite britannique soit produite par le biais des
energies renouvelables d’ici a 2010, ce taux devant atteindre 15% d’ici
a 2015 (cf. Actualites scientifiques au Royaume-Uni Decembre 2004, p.3).
A l’heure actuelle, le Royaume-Uni est legerement en retard sur ces
objectifs puisqu’au lieu des 4,3% fixes pour 2003-2004, la proportion
d’energies renouvelables n’a ete que de 2,4%. Bien que la RO soit neutre
face aux technologies employees, il apparait que seule l’energie
eolienne terrestre se developpe pour des raisons pratiques de couts et
de deploiement. L’energie eolienne en mer est commercialisable mais
demande des investissements tres importants alors que l’energie
provenant des vagues, maree-motrice ou solaire ne sont toujours pas
considerees comme viables commercialement. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles recommande
fortement au gouvernement d’encourager le developpement des
biocarburants et des energies marine et solaire plutot que de ne
s’appuyer que sur les parcs eoliens. Le comite se dit particulierement
soucieux du declin du nucleaire, puisque si la proportion de nucleaire
passe a 7% en 2020, l’effort de developpement des energies renouvelables
aura jusque-la ete vain. 2.3.2. La cogeneration La cogeneration consiste
a produire en meme temps et dans la meme installation de l’energie
thermique et de l’energie mecanique. L’energie thermique est utilisee
pour le chauffage et la production d’eau chaude a l’aide d’un echangeur.
L’energie mecanique est transformee en energie electrique grace a un
alternateur. L’energie utilisee pour faire fonctionner des installations
de cogeneration peut etre le gaz naturel, le fioul ou toute forme
d’energie locale (geothermie, biomasse) ou liee a la valorisation des
dechets (incineration des ordures menageres...). Cette source d’energie
fait fonctionner une turbine ou un moteur Moteur
moteurs
Qui est lié aux mouvements.
. D’apres la "Combined Heat and
Power Association", les centrales de cogeneration permettent une
reduction 30% et 10% des emissions en CO2, respectivement, par rapport
aux centrales classiques a charbon et a gaz. Notons que les
installations recentes permettent un gain de 50% par rapport aux
centrales a charbon. L’utilisation d’unites de micro-cogeneration pour
un usage domestique est aussi une solution envisagee. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles accuse le
gouvernement de ne pas faire assez d’efforts vers la cogeneration meme
si celui-ci annonce un fort desir de developpement vers une technologie
actuellement economiquement viable. Il recommande d’inclure dans le
budget une aide pour deployer l’utilisation de la micro-cogeneration
chez les particuliers. 2.3.3. L’energie nucleaire Un recent rapport
edite par le Comite Science Science La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton. et Technologie de la Chambre des Lords
(« House of Lords Science Science La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton. and Technology Committe ») incite le
gouvernement a ouvrir un debat public sur l’energie nucleaire puisqu’il
faut entre 10 et 15 ans entre le lancement d’un projet et sa
realisation. En revanche, « World Wide Fund For Nature » (WWF, association
pour la protection de la nature) et les FoE y sont farouchement opposes
du fait des difficultes de gestion des dechets nucleaires et du cout
eleve de ces installations. En 2003, le gouvernement a demande au Comite
de gestion des dechets radioactifs ("Committee on Radioactive Waste
Management") de presenter des propositions techniques au probleme de la
gestion des dechets. Ses recommandations sont attendues en juillet 2006.
Le rapport Assurons l’avenir (« Securing the Future »), edite par le
gouvernement en 2004, pose aussi le probleme des dechets et de la non
attractivite economique mais laisse ouverte la possibilite d’un plan
nucleaire sous la condition d’etudes prealables et de la parution d’un
Livre blanc. Le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les
Affaires Agricoles demande au gouvernement d’adopter une position claire
face au nucleaire.

2.4. La capture et la sequestration du carbone
La sequestration du CO2 consiste en la capture et le stockage du CO2 et
la prevention de son relachement dans l’atmosphere. La facon la plus
ecologique de sequestrer le carbone est le stockage souterrain, soit
dans des gisements de petrole epuises, soit dans des nappes aquiferes
salees (cf. Actualites scientifiques au Royaume-Uni Mars 2005, p. 21).
Selon le Livre blanc sur l’energie, ce procede devrait etre mis en place
d’ici a 2006-2008 pour utiliser les plus grands gisements de petrole
avant leur demantelement. Le gouvernement developpe actuellement une
strategie visant a utiliser la sequestration du carbone d’ici a 2020. Le
Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles
considere la capture et la sequestration du carbone comme une
technologie ayant de nombreux avantages. Cependant, la viabilite
economique et l’impact meconnu sur l’environnement sont deux problemes
qu’il faut eclaircir. De plus, la disparite entre la date imposee de
mise en application et celle de la reelle mise en application pose un
probleme de coherence evident que le gouvernement doit prendre en
compte. Enfin, le comite conseille au gouvernement de ne pas utiliser
trop de temps et de ressources sur cette problematique puisque cette
technologie ne serait que palliative et ne s’inscrit pas dans une
logique de developpement durable.

2.5. Les particuliers : habitations et utilisations domestiques En 2002,
les habitations particulieres representaient 24% des emissions de gaz a
effet de serre et 27% des emissions en CO2. 2.5.1. Les habitations
existantes L’outil legislatif relatif a l’amelioration du rendement
energetique est le Pacte pour l’efficacite energetique ("Energy
Efficiency Commitment", EEC). Les producteurs de gaz et d’electricite
doivent promouvoir l’amelioration de l’efficacite energetique domestique
et aider les consommateurs a mieux utiliser leur energie. L’EEC prend
fin cette annee et sera remplace par l’EEC2 dont les objectifs ont ete
doubles pour la periode 2005-2008. Pour cela, l’EST a lance en fevrier
2005 une campagne publicitaire, financee par le Defra a hauteur de 3
millions de livres (environ 4,4 millions d’euros), qui prone un
rendement energetique meilleur dans les foyers. Selon l’"Energy White
Paper", garantir l’isolation en installant 4,5 millions de murs a
cavites entre 2005 et 2010 permettrait une diminution du rejet de 1,2
million de tonnes de carbone. Installer 100 millions d’ampoules a basse
consommation permettrait une reduction d’emissions de 0,5 million de
tonnes de CO2. Actuellement, seuls six millions de foyers sur 17,5
millions sont equipes d’une isolation par murs a cavites et 30 millions
d’ampoules a faible consommation sur 530 millions potentielles sont
utilisees. Le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les
Affaires Agricoles conseille au gouvernement d’etablir une strategie
pour inciter les particuliers a isoler leurs murs et a installer des
ampoules a faible consommation. Ceci permettra par la meme occasion
d’ameliorer la sensibilisation du public en matiere d’economies
d’energie. L’utilisation d’energies renouvelables domestiques est
souvent percue comme etant d’un cout prohibitif. L’EST rappelle que
l’investissement necessaire pour installer des murs a cavites peut-etre
amorti en deux ans sous le regime de l’EEC, alors que les systemes de
chauffage solaire sont amortis en vingt ans. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles considere que
l’EEC n’a pas un impact assez fort sur l’installation d’energies
renouvelables chez les particuliers. Le cout de l’investissement initial
doit etre pris en compte de toute urgence par le gouvernement. De
nombreux acteurs interroges par le Comite pour l’Environnement,
l’Alimentation et les Affaires Rurales ont propose la reduction de la
taxe sur l’achat d’une propriete (« Stamp Duty »), en echange de
l’installation de systemes qui ameliorent le rendement energetique. Pour
le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires
Agricoles, cette reduction de taxe toucherait 900 000 proprietes vendues
chaque annee. Le comite pense que cette solution doit etre mise en place
meme si elle ne permet pas de toucher la majorite des foyers. De plus,
le gouvernement devrait examiner les modifications a apporter au
dispositif fiscal, par exemple une reduction de la « Council tax » (taxe
d’habitation). 2.5.2. Les nouvelles habitations WWF a declare que
l’utilisation de technologies ayant un bon rendement energetique
n’ajoutait en moyenne que 2% au prix d’une habitation. Cependant, selon
le « Tyndall Centre », centre britannique transdisciplinaire de recherche
sur le changement climatique, le Royaume-Uni construit toujours des
maisons ayant des rendements energetiques tres faibles. Le cabinet du
Premier Ministre a lance en janvier 2005 le plan a 5 ans, Une Maison
pour Tous (« Homes for all »), qui propose la creation d’un guide de
bonnes pratiques pour la construction de batiments dans une logique de
developpement durable. De plus, un concours a ete lance pour construire
des habitations a moins de 60 000 livres (environ 87 000 euros). Le
Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles
accueille favorablement l’integration des mesures concernant
l’efficacite energetique des constructions individuelles. Cependant le
comite se demande si cela est coherent avec la construction
d’habitations a des prix plus abordables, comme une maison a moins de 60
000 livres.

2.6. Le secteur commercial
Le secteur commercial a contribue en 2002 a respectivement 29% et 32%
des emissions en gaz a effet de serre et de CO2. Il n’existe que peu ou
pas de mesures particulieres concernant l’efficacite energetique de ce
secteur, meme si c’est celui dont les besoins energetiques augmentent le
plus vite. L’impact de la taxe sur le changement climatique ("Climate
Change Levy",
CCL) n’a ete que tres limite. Cette taxe porte sur la consommation
d’energie utilisee par le secteur industriel afin d’inciter
l’augmentation de l’efficacite energetique des procedes industriels et
les investissements dans les technologies a faible consommation de
carbone. Le « Carbon Trust », entreprise independante recevant des fonds
du gouvernement pour aider les entreprises et le secteur public a
emettre moins de carbone, vient de lancer une campagne de
sensibilisation sur les impacts du secteur commercial sur le changement
climatique. Selon le Defra, le « Carbon Trust » recevra un financement
minimum de 192 millions de livres (environ 280 millions d’euros) sur les
trois prochaines annees. Le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation
et les Affaires Agricoles soutient les initiatives mises en place par le
« Carbon Trust » mais il conseille au gouvernement de legiferer pour
obliger les batiments commerciaux a utiliser des systemes d’economies
d’energie et d’y integrer des equipements leur permettant de produire
une partie de leur energie.

2.7. La communication et la sensibilisation de la population Selon
L’EST, il existe un manque de confiance des consommateurs vis-a-vis des
agents politiques qui legiferent sur le changement climatique. De plus,
la conference scientifique « Avoiding Dangerous Climate Change » tenue a
Exeter en fevrier 2005 a souligne dans ses conclusions le manque de
sensibilisation du public qui considere le changement climatique comme
un phenomene eloigne dans le temps. L’EST pilote le Reseau pour une
energie durable (« Sustainable Energy Network », SEN) : ce reseau est
destine a informer et conseiller les particuliers qui veulent s’engager
dans la lutte contre le rechauffement climatique. Ce projet a recu, en
decembre 2004, un financement de 10 millions de livres (environ 14,5
millions d’euros). Le Defra a annonce l’allocation de 12 millions de
livres (environ 17,5 millions d’euros) pour les campagnes de
sensibilisation lors des trois prochaines annees. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles pense que la
sensibilisation du public est une priorite. Il felicite le Defra d’avoir
investi 12 millions de livres en campagne publicitaire. Cependant il
craint que le public ne soit pas assez sensibilise au phenomene de
changement climatique. Il recommande de lancer une etude pour comprendre
quelles sont les barrieres a la sensibilisation et aux changements de
comportement du public. Il ajoute qu’il est imperatif d’accompagner
toute initiative publicitaire par un ensemble de dispositifs
d’information (Internet, support telephonique...). Enfin il soutient
l’action de l’EST via le SEN et enjoint le Defra a financer ses actions.

3. Le role du gouvernement britannique dans la gouvernance du G8 et de
l’Union Europeenne

Le Royaume-Uni assure en 2005 la presidence du G8 et celle de l’Union
europeenne pendant le deuxieme semestre 2005. Tony Blair y a inscrit le
changement de climat comme priorite. Les trois principaux points qui
seront abordes sont les suivants :

  • etablir un consensus scientifique sur le changement de climat et les
    menaces associees ;
  • etablir un plan destine a accelerer les avancees de la science et la
    technologie necessaires pour contrer cette menace ;
  • etablir un accord avec les pays dont la demande en energie augmente,
    comme la Chine et l’Inde, afin de les aider a atteindre leur objectif
    dans une logique de developpement durable. Notons que le premier point a
    ete partiellement aborde lors de la recente conference "Avoiding
    Dangerous Climate Change".

3.1. Le plan d’allocation des quotas de gaz a effet de serre Rappelons
que le protocole de Kyoto instaure trois mecanismes permettant aux pays
industrialises d’atteindre leurs objectifs : l’echange des droits
d’emissions et la mise en oeuvre conjointe permet l’echange entre pays
industrialises de droits d’emissions et le developpement propre permet
l’obtention de credits supplementaires en mettant en oeuvre des projets
de reduction des emissions a l’etranger. L’Union Europeenne se place en
precurseur et a deja developpe son propre systeme d’echange de quotas
d’emissions avec une directive approuvee par le parlement europeen en
juillet 2003. L’echange des quotas debutera en 2005 pour tous les etats
membres de l’Union elargie. Le gouvernement britannique a annonce il y a
un an un plan national d’allocation ; cependant Margaret Becket, alors
Ministre du Defra, a declare en octobre 2004 que ces objectifs etaient
incompatibles avec de nouvelles previsions de demandes energetiques et a
presente un nouveau plan a la Commission Europeenne. Selon le nouveau
plan revise, les emissions de CO2 totales entre 2005 et 2008 ne
devraient pas depasser 756 millions de tonnes, soit 20 millions de
tonnes de plus qu’initialement annonce. Cependant, la Commission
Europeenne a rejete cette requete en janvier 2005 a cause de sa
soumission tardive. En mars 2005, le gouvernement britannique a fait
savoir qu’il lancerait le programme initialement prevu et approuve par
la Commission Europeenne mais il a l’intention de poursuivre en justice
celle-ci pour avoir gain de cause. FoE est de fait inquiet de la
credibilite internationale du Royaume-Uni et l’"International Climate
Change Taskforce" voit d’un oeil circonspect la decision du gouvernement
de revoir a la hausse ses emissions de CO2 puisque "que ce soient les
Etats-Unis ou l’Australie ou des pays en grande croissance comme la
Chine ou l’Inde, ils regardent tous avec grand interet la mise en place
du plan europeen d’allocation des quotas. Si celui-ci connait des
difficultes des les premiers mois, nous en paierons le prix fort". Le
Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles ne
voit pas d’un bon oeil les incertitudes entourant le plan national
d’allocation britannique des quotas , qui selon lui entache sa
credibilite internationale. Il nourrit des inquietudes quant a
l’existence d’un ecart entre la politique britannique et la politique
europeenne, alors qu’aujourd’hui les plans nationaux d’allocations de 22
pays membres ont ete approuves.

3.2. Les objectifs de Kyoto au sein de l’Europe
D’apres les termes du Protocole de Kyoto, l’Union Europeenne doit
reduire d’ici a 2008-2012 ses emissions de gaz a effet de serre de 8%
par rapport a 1990 , or seule une reduction de 2,9% a ete obtenue
jusqu’a present. Notons que le FoE a declare que l’Union Europeenne
n’allait pas atteindre les objectifs fixes et met l’emphase sur le
manque d’efforts, notamment dans le secteur des transports. Le Comite
pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles ajoute
qu’il est certes important pour l’Union Europeenne d’atteindre ses
objectifs mais surtout que cela est indispensable pour convaincre le
reste du monde de ratifier le Protocole de Kyoto.

3.3. L’agriculture
Le Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles
recommande au gouvernement de saisir l’opportunite de la reforme de la
Politique Agricole Commune et de la reallocation des fonds pour
l’agriculture afin d’encourager la production de biocarburants et la
mise en place de pratiques durables dans l’agriculture.

3.4. Les relations internationales et le G8
Les Etats-Unis produisent 20,6% des emissions de gaz a effet de serre et
le G8 compte pour 47% des emissions mondiales en CO2. Le groupe de
travail international sur le changement climatique ("International
Climate Change Taskforce"), cree en mars 2004 par l’Institut pour la
Recherche de Politique Publique ("Institute for Public Policy
Research« ), le Centre pour l’Avancement Americain ( »Center for American
Progress« ) et l’Institut Australien ( »Australian Institute"), a publie
un rapport enjoignant tous les pays du G8 a adopter des objectifs
nationaux de telle facon que chaque pays produise au moins 25% de son
electricite par le biais d’energies renouvelables d’ici a 2035. Le
Comite pour l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles
espere que le gouvernement britannique saisira la chance de la
presidence du G8 et de l’Union Europeenne pour faire avancer le debat et
les accords concernant les mesures a prendre contre le changement
climatique. Il applaudit le travail de l’ "International Climate Change
Taskforce" et encourage le gouvernement a soutenir au mieux ses actions.

3.5. Les pays en voix de developpement
D’apres les previsions des Nations Unies, les pays en voix de
developpement representeront en 2050 une part majoritaire des besoins en
energie. L’etat des lieux energetique mondial (« World Energy Outlook »)
publie en 2002 predit que les emissions globales en CO2 devraient
augmenter de 70% entre 2002 et 2030, la grande majorite de cette
augmentation provenant de la Chine et de l’Inde. Le continent africain,
quant a lui, devrait souffrir des consequences du changement climatique
bien plus que les autres pays puisque cela ne fera qu’exacerber
pauvrete, inondations, secheresses, conflits et pandemies.
L’« International Climate Change Taskforce » recommande au G8 de creer un
"G8
+ Climate Group" qui inclurait des pays emergents, comme la Chine,
+ l’Inde,
le Bresil et l’Afrique du Sud, pour envisager les moyens de parvenir a
une reduction des gaz a effet de serre. Ceci ne doit pas concurrencer le
Protocole de Kyoto mais exister en parallele. Le Comite pour
l’Environnement, l’Alimentation et les Affaires Agricoles remarque
l’inevitabilite de l’emploi des stocks de charbon existants dans les
pays en voix de developpement. C’est pourquoi il recommande au
gouvernement d’encourager le developpement international de techniques
de reduction des emissions des centrales a charbon durant sa presidence
au G8 et a l’Union Europeenne. Il approuve la suggestion de creation
d’un « G8 + Climate Group ». Notons que l’« Environment Audit Committee » a
aussi publie debut mars un rapport intitule Le Defi International du
changement climatique : Presidence Britannique au G8 et a l’Union
Europeenne ("The International Challenge of Climate Change : UK
Leadership in the G8 & EU« ). Aide de celui-ci et de »Climate Change :
looking forward« , le gouvernement devrait editer le nouveau »UK Climate
Change Program" au cours de l’annee 2005.

Sources : Defra, http://www.defra.gov.uk
le rapport « Climate Change : looking forward » est accessible a l’adresse
 :
<http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200405/cmselect/cmenvfru/130
/130i
.pdf
>

Redacteur : Eva Assayag

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